C’EST QUOI LE BIOMIMETISME ?
Etymologiquement, le biomimétisme imite le vivant. Le concept est simple : la nature marche sur un principe d’économie et d’efficacité optimale. Rien ne se perd, tout se transforme. Le biomimetisme consiste à l’observer et à s’en inspirer pour créer de l’innovation. La nature est donc étudiée sous toutes ses coutures : micro-organismes, écosystèmes, plantes, animaux...
Cette fine observation sert à en tirer des développements technologiques pour concevoir des matériaux, des procédés, ou des stratégies novateurs au service de l’humain. Il en résulte des avancées moins polluantes, moins consommatrices d’énergie et parfois de meilleures qualités. Par essence, cette démarche s’inscrit pleinement dans le développement durable et soutenable sur le long terme en mettant en avant des choix éprouvés par la nature. Alors, pourquoi s’en priver ?
LES HOMMES DERRIERE LE BIOMIMETISME
Qui sont les cellules grises du biomimétisme ? D’abord pensé par l’universitaire américain Otto Schmitt, le terme « biomimetics » est utilisé pour décrire la notion de transfert de processus de la biologie à la technologie
En 1997, c’est la biologiste américaine Janine Benyus qui théorise cette vision, en l’inscrivant dans une perspective de développement durable. Selon elle, « La révolution biomimétique ouvre une ère qui ne repose pas sur ce que nous pouvons prendre de la nature, mais sur ce que nous pouvons en apprendre ». L’idée générale est simple : chaque problème rencontré par l’homme a déjà sa solution dans l’environnement. Mieux : grâce à 3,8 milliards d’années d'évolution, cette solution est la plus efficace, la plus économe en énergie et la moins polluante. En avant le progrès !
BIEN PLUS QU’UNE METHODE : UNE PHILOSOPHIE
Le biomimétisme voit haut et grand. Plus qu’une discipline, le biomimétisme est une philosophie, un nouveau plaidoyer pour protéger l’environnement. Soucieuse d’instaurer un équilibre viable entre les ressources offertes par la planète et leur exploitation, la philosophie biomimétique s’inscrit logiquement dans une stratégie globale de développement responsable. Si la nature est une source d’inspiration inépuisable, elle est aussi vulnérable. Et l’homme possède une responsabilité vis-à-vis de cette biodiversité. À lui de la protéger pour mieux s’en servir.
Face aux dérèglement climatique, le développement durable devient une nécessité. Et l’urgence s’impose petit à petit. Idriss Aberkane, professeur à l’Ecole centrale, a rappelé : « La nature est un laboratoire de recherches vieux de 4 millions d’années, qu’il faut arrêter de détruire ». La crise de notre système impose en effet un bouleversement de nos façons de créer, concevoir et échanger. Alors on n’attend plus !
LE BIOMIMETISME DANS LES FAITS
Le biomimétisme, une nouveauté ? A l’heure des grands défis écologiques, il est apparu comme une innovation majeure dans le monde occidental. Or, il fait partie intégrante du mode de vie de certains peuples depuis très longtemps. Prenons le cas des inuits. Ce peuple n'a jamais cessé de s'inspirer de la nature - en construisant par exemples des igloos sur le modèle des tanières d'ours.
Médecine, recherche, industrie, économie, architecture et urbanisme, agriculture, gestion et aménagement d’écosystèmes… Le biomimétisme fait fructifier de nombreux secteurs de l’activité humaine. Et les exemples font flores.
Zoom sur une illustration de choix : le velcro. Emprunté en 1941 aux fleurs de bardane par un ingénieur suisse, le velcro est en fait une technologie qui s’inspire des crochets situés sur la surface de cette plante. Concrètement, il est utilisé dans l’industrie du textile pour remplacer le système de fermeture éclair, que l’on retrouve sur les chaussures, les sacs, etc.
D’autres cas sont tout aussi éclairants de la magie de la nature : la céramique ultrarésistante de l’ormeau, les yeux superpuissants de la crevette-mante ou les ailes du morpho d’Amazonie, un papillon bleu qui contrôle la propagation de la lumière, l’élasticité et la résistance de la toile d’araignée...
Aussi, de l’informatique à la médecine, les champs d’application sont infinis. Les aiguilles de seringue qui nous piquent sans nous faire mal, imitent le dard du moustique. Le nez du Shinkansen, le TGV japonais, reprend la forme du bec du martin-pêcheur. Cette forme aérodynamique lui permet d’aller plus vite tout en consommant moins d’électricité. Dans un contexte plus proche, l’architecture s’inspire des termitières pour concevoir des structures de bâtiments à climatisation passive.
Et si la nature nous faisait faire des économies ? Les scientifiques cherchent également l’inspiration du côté des procédés naturels qui font preuve d’une économie de moyens considérable. La photosynthèse artificielle reproduisant celle des feuilles, est de plus en plus efficace. Bientôt, des panneaux solaires organiques pourraient remplacer la technologie photovoltaïque actuelle, qui produit de l’énergie renouvelable au prix de l’épuisement des terres rares. Fascinante nature...